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Influence de la vitesse vs l'éclairage en studio (Étude)
Ce sujet comporte 68 réponses et a été vu 754 fois.
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Post créé par mardi 05 novembre 2013
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Bon je vous le dis tout de suite si les longs posts techniques vous écoeure ne restez pas ici, ça risque d'être trop fastidieux pour vous.

Par ailleurs depuis quelques jours j'interviens dans le post de Picolo ou il posait la question ouverte à savoir si la vitesse d'obturation peut influencer la qualité et la dispersion de la lumière selon la vitesse choisie. Comme tout le monde j'ai répondu que non jusqu'au seuil d'influence de la lumière ambiante.

Mais Picolo avait tout de même des doutes après avoir lu un ouvrage de Jeff Smith qui affirme qu'une vitesse plus lente va permettre une meilleure dispersion de la lumière. C'est le postulat de départ que j'ai tenté et réussis je crois à infirmer.

Voici un extrait fourni par Picolo du postulat en question;

Dans le livre "Lighting for studio for portrait photography" de Jeff Smith, il mentionne "Years ago, I attended a workshop at which the photographers talked about using slower shutter speeds with reflector fill. To me, it didn’t make sense, given how fast light travels. However, between the shot taken at 1/ 125 second and the same shot taken at 1/ 40 second, the difference in the quality of light from the reflector was significant. He explained the slower shutter speed gave the bounced light time to fully illuminate the shadow. It worked— and, ever since, I have opted to use a slower shutter speed for
portraits in my studios (which have no windows and are painted black)."

Hypothèse;

Les flash de studio, comme tout autre flash ne sont pas influencés par la vitesse d'obturation du moins à l'intérieur et incluant la vitesse maximale de synchronisation du boîtier. La vitesse d'obturation ne va contrôler que l'apport de la lumière ambiante qui sera reçue sur le capteur (ou le film). Pour l'aspect de la vitesse de dispersion de la lumière aucun construit humain ne saurait en influencer sa vitesse et qualité de dispersion tel que le prétend Smith. Bien qu'il affirme avoir de meilleurs résultats à des vitesses de 1/40e sec ou 1/25e sec, à cause explique-t-il que la lumière des flash à plus de temps pour bien éclairer la scène, notamment les ombres et d'interagir avec les réflecteurs.

C'est un postulat scientifiquement non démontré d'aucune façon de sa part, aucune photo au soutien de ses dires et il défie même une constante de la physique optique soit la vitesse de la lumière. Celle-ci est à 186,000 miles/sec. Donc peut importe la vitesse d'obturation choisie et le nombre de réflecteurs utilisés la lumière aura toujours le temps de se disperser partout ou elle est dirigée. 1/160e sec ou 1/25e sec. ça ne fait aucune différence. Au moment ou l'obturateur se ferme ça fait longtemps en terme de physique que la lumière est allée partout ou elle devait aller.

Smith insiste pour dire que son studio est complètement noir et que ce n'est aucunement la lumière ambiante de son studio qui influence l'exposition de son capteur. Cela est certainement vrai, mais je théorise qu'il ne prend pas en compte l'influence de ses modeling lights dans l'équation. En fait c'est assez simple à comprendre; lorsque le flash déclenche, les modeling light s'éteignent au même moment, toutefois ce sont des ampoules incandescentes à l'intérieur de ces lampes et ces dernières mettent beaucoup plus de temps à s'éteindre qu'un flash. Ils s'éteignent relativement lentement et même à l'oeil nu lorsque l'on éteint une ampoule on peut encore voir le filament rougis pour une fraction de seconde. Plus la puissance de l'ampoule est grande et plus celle-ci met du temps à s'éteindre complètement. Parallèlement plus la vitesse d'obturation est longue plus de cette "traînée" de lumière à de chance d'être enregistrée sur le capteur. Puisqu'il prétend avoir un studio sans lumière je dois prendre pour acquis qu'il utilise les modeling lights de ses flashs pour cadrer et faire le point.

But;

Essayer d'obtenir les même résultats que Smith en reproduisant les mêmes conditions d'obscurité de son studio.

Méthodologie;

Photographier un objet fixe en utilisant plus d'un flash, un réflecteur et tester toutes les vitesses d'obturation comprises et incluant la vitesse maximale de synchronisation du boîtier, en utilisant une ouverture et puissance d'éclairage constante à la même sensibilité (iso). Bref des conditions usuelles de shooting en studio.

Équipement utilisé;

Boîtier: Nikon D3s
Objectif: Nikon 70-200mm f2.8 VRII à 135mm de focale en MAP manuelle
2x têtes flash Einstein 640 ws
1 réflecteur argenté 20x30 po
1 soft box 30x40po
1 réflecteur et grid 10 degrés

Synchronisation (sans fil);
1 Pocket Wizard mini
2 antennes Power MC2

Paramètres d'exposition;

Tout fait en format RAW à 14 bits dans l'espace colorimétrique Adobe RGB (1998)

1 photo de la source sur le fond seulement
1 Photo de la source principale seulement
1 Photo de la source principale avec 1 réflecteur
1 Photo incluant toute les sources et le réflecteur

1 Photo d'étalonnage pour effectuer les comparaisons

1ère série sans modeling light

1-) 1/250 f8
2-) 1/160 f8
3-) 1/125 f8
4-) 1/80 f8
5-) 1/60 f8
6-) 1/40 f8
7-) 1/25 f8
:cool: 1/8 f8

2e série avec modeling light (à la puissance proportionnelle des modeling light)

1-) 1/250 f8
2-) 1/160 f8
3-) 1/125 f8
4-) 1/80 f8
5-) 1/60 f8
6-) 1/40 f8
7-) 1/25 f8
:cool: 1/8 f8

3e série avec modeling light à pleine puissance

1-) 1/40 f8
2-) 1/25 f8

Données techniques:

Puissance main light 1/24e puissance, sortie de 26.4 ws temps d'éclair 1/5000e sec
Puissance background light 1/64e puissance, sortie de 10 ws temps d'éclair 1/8000e sec
Flash utilisé en constant color mode et le fabricant indique une fiabilité de la température kelvin de +\- 50 degrés

Sources d'erreurs possible et limitations;

Même en environnement contrôlé avec un équipement en bon état il est quasi impossible d'assurer une puissance de sortie des flash absolument constante vu la variation de voltage de sortie des prises de courant domestiques. Toutefois les résultats semblent contenus à l'intérieur d'une marge de +/- 0,3 cran d'expositions.

De même il peut y avoir des interférences du signal radio des déclencheurs sans fil qui pourrait jouer sur l'intensité des éclairs. Cette variation possible étant aléatoire aucune unité de variation n'est disponible. Il n'y a eu cependant aucune perte de communication entre les appareils pour la durée des tests.

Les piles de tous les appareils; transmetteurs et caméra ont été rechargées à 100% avant le début des tests mais il est également impossible de garantir leur constance de sortie durant l'utilisation.

Constance Balance des blancs et post traitement;

Les fichiers RAW (NEF) ont tous été convertis au format DNG à l'importation. Après traitement ils furent exportés dans Photoshop CS6 afin d'y ajouter le texte et ensuite les convertir en JPG à 150 ppi pour affichage sur le web.

Afin d'assurer un maximum de constance à ces niveaux la balance des blancs fut faite à l'aide de la carte grise de référence Color Checker de la cie X-Rite.
De même la justesse des couleurs fut établie avec la charte de couleur du même fabricant.

En post traitement sous Lr4 toute les photos ont été calibrées avec un profil en fonction de l'éclairage et de l'objectif utilisé via le programme Color Checker.

Aucune retouche ne fut appliqué aux photos et elles ont tous été importées avec un paramètre de +30 re sharpen et +10 de réduction du bruit.

Donc sans plus attendre voici en images les résultats de mes tests, mes conclusions suivront en fin de texte.

Tout d'abord je devais établir que le studio était bien noir et qu'aucune lumière ambiante allait contribuer à l'éclairage durant les tests. Je vous épargne la série à toute les vitesses mais elle étaient toutes identiques à celle-ci

Aucune lumière



Puis voici l'apport de chaque source de lumière indépendamment l'une de l'autre


Flash sur le fond seulement



Main Light seulement



Main Light + réflecteur



Puis l'image comprenant toute les sources, en utilisant les Modeling light à la prise de vue. Ce sera ainsi notre photo de référence pour toute les comparaisons à venir


Master (Base line)

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En un coup d'oeil voici les 2 séries de tests;
Sans modeling light en premier et avec modeling light ensuite

No modeling light



With modeling light



En détail maintenant commençons avec la série sans modeling light








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Comme vous pouvez le constater même en passant de 1/250e sec jusqu'à 1/8 e sec les photos sont pas mal constantes à toutes les vitesses. Il ne peut y avoir de spill (contamination) du modeling light puisqu'il est éteint pour chaque photo.

Comparons donc notre photo de référence à coté de celle prise à une vitesse aussi lente que 1/8e sec.

Comme vous pouvez le constater s'il y a une différence c'est vraiment léger et ça rentre dans les limites de précision et de stabilité de l'équipement et des programmes informatiques. Il n'y a quasi aucune différence notable entre les 2, donc à date le postulat de Smith ne se confirme pas.

Je vous reviens dans quelques minutes avec en détail la série avec modeling light dont les résultats sont assez éloquents.

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Et maintenant les tests avec modeling light en détails;











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Et maintenant ici c'est la cerise sur le sundae, si jusqu'ici on ne voyait pas beaucoup de différence avec les photos avec ou sans modeling light même à basse vitesse c'est que les modeling light étaient réglé en Tracking mode" c'est à dire qu'ils vont diminuer d'intensité au fur et à mesure que l'on va descendre la puissance des flashs. or si les modeling light sont réglés à pleine intensité pour que la mise au point se fasse sans problème par exemple, bien la différence devient flagrante. On voit bien l'apport des ampoules tungstène qui en plus d'éclaircir l'image va ajouter une dominante jaune ce qui est normal u que la température Kelvin est plus chaude que l'éclairage des flash.


L'hypothèse de départ est donc vérifiée, la vitesse du flash n'influence aucunement l'exposition au flash mais en basse vitesse les modeling lights peuvent quant à elles influencer l'exposition.








Une dernière comparaison entre une photo à 1/40 sans modeling light et une avec modeling light à full.


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En conclusion.

je sais bien qu'ici après un passage sur l'hébergeur les détails subtils sont moins apparent. mais je vous assure que sur les originaux à mon écran on voit bien les choses et les photos sont parlantes.

En bref et j'espère que ça va répondre à la question de Picolo il faut éviter de travailler à des vitesses trop lentes en studio pour ne pas avoir de contamination des modeling light dont la lumière ambiante qu'elles émettent prend relativement beaucoup de temps à s'éteindre complètement. C'est encore pire lorsqu'on travaille avec des modeling lights à pleine puissance ou à grande ouverture et hauts iso.

Du reste aucune photo des 2 séries de tests ne démontre que la lumière des flash est mieux dissipée ou mieux répartie à basse vitesse qu'à haute vitesse. En fait peu importe la vitesse utilisée si on reste dans les limites de la synchronisation du boîtier les flash feront exactement le même travail, de la même façon.

En terminant voici un dernier exemple extrême ou la vitesse d'obturation fut descendu jusqu'à 1/8e sec et utilisant les modeling lights à pleine puissance. les lampes n'ont tout simplement pas le temps de s'éteindre complètement avant que l'obturateur ne s'ouvre et commence à capter la scène.

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Picolo
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Membre régulier , , inscrit le 21-09-13
mardi 05 novembre 2013
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Cool....je vais lire plus en détail plus tard! Merci...tu as travaillé fort :)

Parfois les gens lisent rapidement! Si tu me mentionnes, peux-tu SVP ajouter au début de ton étude pour bien mettre en contexte la raison de mon interrogation et que ton exercice est principalement de vérifier l'affirmation suivante:

Dans le livre "Lighting for studio for portrait photography" de Jeff Smith, il mentionne "Years ago, I attended a workshop at which the photographers talked about using slower shutter speeds with reflector fill. To me, it didn’t make sense, given how fast light travels. However, between the shot taken at 1/ 125 second and the same shot taken at 1/ 40 second, the difference in the quality of light from the reflector was significant. He explained the slower shutter speed gave the bounced light time to fully illuminate the shadow. It worked— and, ever since, I have opted to use a slower shutter speed for
portraits in my studios (which have no windows and are painted black)."


Merci !

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Picolo
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Membre régulier , , inscrit le 21-09-13
mardi 05 novembre 2013
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1) Pourquoi ton test de "No light" est fait à 1/160 sec ? Aurait-il été plus adéquat de le faire a 1/40 secondes (ou plus lent) et pour ensuite faire des images à 1/40 sec (vitesse suggéré de Jeff Smith) versus plus rapide ?

2) Afin de faciliter les comparaisons, je crois qu'existe une facon avec Photoshop de voir les différences entre 2 images par superposition...

Merci